La lutte contre les espèces invasives est l’une des principales lignes d’action de la Commission européenne (CE) en matière de protection des écosystèmes marins et de leur biodiversité, et elle est particulièrement applicable au bassin méditerranéen.
L’introduction de ces organismes dans les ports, les zones côtières et les bassins versants nuit aux écosystèmes aquatiques dans le monde entier, avec des coûts directs estimés en millions de dollars.
Les espèces invasives sont principalement propagées par les activités humaines. Le trafic maritime est considéré comme l’une des principales causes. Les navires peuvent transporter des organismes aquatiques dans leur eau de ballast et dans les incrustations biologiques sur les coques des navires.
Les espèces invasives peuvent facilement se déplacer entre différentes zones géographiques, notamment dans des régions comme la région méditerranéenne, caractérisée par des connexions maritimes importantes.
Politiques de l’UE
Au niveau européen, plusieurs cadres réglementaires s’attaquent au défi des espèces invasives.
La directive-cadre stratégie pour le milieu marin (DCSMM) est l’outil principal de l’Union européenne pour maintenir des écosystèmes marins propres, sains, productifs et résilients. La directive exige que les États membres développent des stratégies marines nationales pour atteindre ou maintenir un « bon état écologique » et une utilisation plus durable des ressources marines. Le descripteur 2 de la DCSMM concerne les espèces non indigènes, qui étendent leur distribution géographique typique et deviennent « invasives » lorsqu’elles peuvent menacer la biodiversité marine.
La Stratégie de l’UE en matière de biodiversité pour 2030 et le Règlement (UE) n° 1143/2014 sur les espèces exotiques envahissantes identifient les espèces exotiques envahissantes comme l’un des cinq principaux facteurs directs de perte de biodiversité. Tous ces cadres réglementaires contribuent directement à la stratégie du Pacte vert pour l’Europe de la Commission européenne.
Plus de 1000 espèces non indigènes ont été identifiées en Méditerranée et en mer Noire. Plus de la moitié ont établi des populations permanentes et se propagent, suscitant des inquiétudes quant à la menace qu’elles représentent pour les écosystèmes marins et les communautés de pêche locales.
Coopération transfrontalière
Les espèces se déplacent sans aucune limitation géographique et donc, une approche nationale ou locale est souvent insuffisante pour contrer ces menaces à travers la Méditerranée. Au lieu de cela, une approche transnationale, plus régionale, est recommandée pour lutter contre une menace commune. Principalement parce que :
La mise en œuvre de mesures au niveau régional est plus rentable. Les économies d’échelle permettent de partager les ressources et les coûts entre plusieurs ports et acteurs régionaux.
Le partage de connaissances et d’expériences facilite l’apprentissage mutuel.
La coordination des stratégies et des politiques conduit à une meilleure gestion avec des approches globales
Coopération italo-tunisienne
Un exemple de cette coopération transnationale est le programme de financement Interreg NEXT Italie-Tunisie.
Ce programme couvre les territoires situés des deux côtés de la route maritime reliant la Sicile et la Tunisie.
L’objectif général est d’exploiter le potentiel de croissance inexploité des territoires concernés, afin d’atteindre un rééquilibrage économique, environnemental et social de la zone de coopération, soutenu par une croissance inclusive, un développement durable et une bonne gouvernance.
Ce programme de 36 millions d’euros a permis de financer plusieurs projets bleus. Deux projets remarquables qui s’attaquent aux espèces invasives sont Bleu Adapt et Aribiotech.